Edison, ici avec son kit de démonstration, n’utilise que des matériaux de récupération. (Photo : Mathilde Dorcadie)

 

Ils sont sans-emploi, journaliste ou ingénieur. Des citoyens qui observent une situation se détériorer depuis déjà presque un an et qui ont décidé de tenter quelque chose, à la fois pour économiser leur eau, proposer des solutions aux autres, réveiller les consciences.

« Cela fait déjà 4 ou 5 mois que l’eau est coupée le soir jusqu’au petit matin », raconte Edison Urbano. Cet ancien technicien électronique fait visiter sa petite maison, située dans un quartier populaire, et ses installations ingénieuses d’économie d’eau. Il a mis au point un système de récupération de l’eau de pluie, pour ses plantes, et de l’eau de la douche, pour ses toilettes. Il raconte qu’il y a dix ans, après avoir perdu son emploi, il cherchait des solutions pour faire des économies sur ses factures. « J’avais découvert qu’une chasse d’eau pouvait consommer jusqu’à 6 000 litres d’eau potable par mois pour toute une famille. »

Dans le centre de São Paulo, un million de personnes auraient déjà subi des coupures d’eau. (Photo : Mathilde Dorcadie)

Edison a créé un manuel de fabrication à la disposition de tous sur internet. Il y a quelques mois, il a lancé le mouvement « Cisterna já ! » (« Une citerne, maintenant »). Il dispose d’un kit démontable qu’il emporte pour faire des démonstrations et animer des ateliers. L’idée est de proposer une action simple et immédiate.

Un mois de janvier très chaud

« Économiser et réutiliser les ressources disponibles, c’est la base ! » pointe Claudia Visoni. Cette ancienne journaliste, qui se revendique aujourd’hui militante écologique, est également à l’origine du mouvement qui compte une centaine de sympathisants. «  ! ça veut dire : tout de suite, maintenant. Il y a urgence ! Le système d’alimentation de la ville est centralisé et mal géré depuis des années. Le gouvernement ne jure que par les grands travaux mais on ne peut pas attendre ! »

Le système permet de recueillir une eau claire et sans parasites. (Photo : Mathilde Dorcadie)

La menace est sérieuse. Après des semaines de déni pour cause de période électorale, le gouvernement de l’État de São Paulo a finalement reconnu que les coupures d’eau seraient un mal nécessaire. Les quartiers les plus chics de la ville ont été touchés par les restrictions en ce mois de janvier, l’un des plus chauds jamais enregistré depuis plus de 70 ans. La température dépasse quotidiennement les 32 °C et les précipitations sont inférieures à la moyenne annuelle de plus de 20 %. Les spécialistes se disputent désormais pour savoir s’il reste deux, trois ou quatre mois avant que les réservoirs ne soient totalement à sec.

« Je n’ai pas l’impression de faire un travail volontaire, mais un travail utile », dit Claudia. (Photo : Mathilde Dorcadie)

Avec son arrosoir, Claudia parcourt le jardin collectif qu’elle a créé dans le quartier de Vila Madalena. Comme Edison, c’est à travers ses pratiques quotidiennes qu’elle a réalisé qu’il fallait commencer à agir. « Il y a de l’eau partout ici » dit-elle en montrant plusieurs réservoirs. « Elle vient de la nappe phréatique. Si seulement on savait mieux utiliser les ressources ! » Claudia Visoni s’est lancée depuis quelques années dans l’agriculture urbaine. Dans ce jardin potager ouvert à tous, elle invite tout un chacun à venir étudier la nature et le cycle de l’eau. Elle anime aussi un blog et des conférences sur ces thèmes.